Tel un présage fatidique, un article de Gustavo Abad ayant pour titre "Patrimoine, encore un Musée perdu", est paru ce mois-ci dans la revue Mundo Diners. Avec des détails vécus, l'auteur raconte la tragique histoire du pillage organisé dont est victime le Patrimoine Culturel en Équateur. Le caractère opportun de l'article gagne en dramatisme avec le tout récent vol de l'ostensoir du Musée du Couvent des Conceptas de Riobamba. La spoliation systématique de biens culturels appartenant aux différentes époques de notre histoire est vraiment alarmante. Il semblerait que pour un large secteur de la population, les oeuvres patrimoniales n'aient d'autre valeur qu'économique, et du fait de la vulnérabilité des contextes où elles se trouvent immergées, elles sont des proies faciles du crime organisé. À la lecture de cet article, l'on peut penser que le marché international de l'art américain a un réseau de trafficants qui utilisent tout type d'acteurs et de ressources pour obtenir les objets convoités, quels que soient les moyens. Bien qu'il soit vrai qu'il existe des mafias internationales qui se consacrent à ces activités, il est certain aussi que la délinquance courante est présente et a beaucoup agi au cours des dernières années. L'ostensoir de Riobamba est une pièce virtuellement invendable sur le marché de l'art colonial ou religieux, car du fait de ses caractéristiques, il est difficile de négocier dans un milieu déjà bien connu. Malheureusement, cette pièce pourrait être facilement désossée et fondue pour être vendue en petits lots à des bijoutiers locaux. Les délinquants se partagent les miettes, et la valeur culturelle s'efface entre l'ignorance et la convoitise de ces misérables. Tout en étant réalistes, il est quasiment impossible de sécuriser la majorité des biens patrimoniaux, beaucoup d'entre eux étant encore sous terre, ou illusoirement sous la protecton divine. La seule solution est l'appropriation communautaire du sens et de la valeur du patrimoine vivant, qui n'a pas besoin de musées.

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