Archéologie et patrimoine dans la Deuxième Rencontre Interuniversitaire |
Écrit par Catherine Lara |
Mercredi, 16 Mai 2007 22:38 |
La Deuxième Rencontre Interuniversitaire de Sciences Sociales "Sciences Sociales Pour Quoi Faire, la pluridisciplinarité", a ouvert dans son programme un espace à l'archéologie et au patrimoine, sujets traîtés les mardi 15 et vendredi 18 mai. La journée du mardi s'est divisée en deux étapes: tandis que la matinée fut consacrée aux conférences de chercheurs et d'archéologues professionnels, l'après-midi, ce furent les élèves qui firent connaître leurs projets. L'accent fut mis sur la valeur de l'apport des élèves dans le cadre de l'ouverture d'un dialogue entre professionnels et étudiants.
Geoffroy de Saulieu a inauguré les interventions de la matinée avec une réflexion autour de la nécessité de re-définir des concepts anthropologiques souvent utilisés en archéologie, mais de façon très vague, comme par exemple celui de chefferie. De Saulieu a basé sa proposition autour de deux auteurs spécifiques, à savoir, Philippe Descola et Alain Testart. Il a en outre souligné que tout comme l'archéologie a besoin de l'anthropologie, la relation inverse est aussi vraie. La contribution du conférencier fut remise en question lors de la séance de participation du public, en particulier par les défenseurs de l'école américaine d'archéologie. De son côté, Galo Ramón a abordé la thématique de la pluridisiplinarité en archéologie, à partir du point de vue de l'Histoire. Suite à un parcours des différentes visions de l'archéologie telles que les ont proposées les divers historiens qui se sont succédés en Équateur, Ramón a souligné que la pluridisciplinarité doit passer par la recherche de nouvelles perspectives, dérivées d'autres disciplines: de fait, pendant très longtemps, l'histoire traditionnelle a nié tout type de dimension historique aux peuples précolombiens.
L'après-midi, le programme a repris, cette fois-ci avec les interventions des élèves. Les deux premières d'entre elles se sont concentrées autour de la présentation des ateliers d'archéologie actuellement menés à bien par les étudiants d'archéologie de l'Université Catholique de Quito. Ainsi, le projet réalisé par Andrea Yánez et Catherine Lara (VIème niveau), a présenté les premiers résultats de la recherche ethnohistorique et de l'exploration des ruines de la vallée du fleuve Cuyes (zone limitrophe de Morona-Santiago et Zamora-Chinchipe). Il semblerait que ces ruines pourraient correspondre à des occupations incas ou cañaris, et s'inscrire dans le cadre d'une dynamique politique ou commerciale, que les futures recherches au sein de l'atelier chercheront à définir.
María-Patricia Ordóñez et Esteban Acosta (VIIIèm Niveau), ont ensuite exposé les premières conclusions de leur étude "Ethnoarchéologie d'un pèlerinage", qui avait pour but de structurer un modèle possible de patron archéologique que l'on pourrait s'attendre à trouver sur des sites de pèlerinage. L'élaboration de ce modèle a été réalisée à partir de recherches ethnographiques menées à bien autour des pèlerinages du Cisne et du Quinche.
En dehors du cadre des ateliers, Julio Mena, Óscar Cajas (élèves de l'Université Catholique de Quito), et Angust Lial (Columbia University), ont rendu publiques les premières trouvailles de leur exploration du chemin précolombien qui va de Quitoloma à Oyacachi. Il semblerait que la région de Pambamarca compte d'un vaste réseau de chemins, qui n'a pas encore été reconstitué, mais qui suggère une série de contacts entre Sierra et Amazonie, -point particulièrement pertinent dans l'étude du sujet-, ainsi que la configuration d'un réseau de conquête stratégique mis en place par les Incas, en relation avec les nombreuses forteresses signalées dans la zone. En dernier terme, Daniela Balanzátegui, María-Patricia Ordóñez et Catherine Lara, les trois étudiantes impliquées dans le comité de direction de cette page web, ont parlé au sujet de leur expérience sur le site. Après avoir rappelé l'organisation de celui-ci et leurs propes rôles dans sa mise en place, les trois élèves ont fait référence aux différents apports que la page web signifie pour elles, aussi bien au niveau de leur préparation en tant que futures professionnelles, que dans le champ de leur expérience personnelle. Le public a également été invité à participer au site, soit en tant que visiteur, soit comme membre du comité de direction. Cette dernière présentation a été marquée par l'intervention inattendue de M. Cristóbal Cobo, qui a accusé le site d'être complice d'une diffamation faite contre lui (voir l'article "Catequilla", in Apachita 8, section Revues). Raison pour laquelle M. Cobo a aimablement été invité à se défendre "en ligne", en entrant dans la partie "Commentaires" de l'article en question. La journée du vendredi fut consacrée au thème de la marginalité et du patrimoine. Le premier conférencier, Fernando Mejía (archéologue), a fait plus spécifiquement référence au besoin de développer une archéologie responsable, d'où l'importance de contribuer au développement des institutions chargées de veiller sur les sites archéologiques. Cette responsabilité répond également au devoir de l'archéologue de diffuser et préserver le patrimoine archéologique, dans le cadre de la définition de l'identité des communautés qui occupent actuellement les lieux en question. De son côté, Margarita Miró (Institut Ibéroaméricain du Patrimoine Naturel et Culturel), a souligné que la marginalité en Amérique a commencé avec la conquête européenne; cependant, le passé précolombien compte d'une richesse inestimable dans divers aspects culturels, raison pour laquelle il est essentiel de le récupérer et de le réintégrer à la réalité américaine actuelle. Par la suite, Carlos Landázuri, Directeur du Département Culturel de la Banque Centrale, a fait référence aux origines et au développement de ladite section, tout en soulignant que son fonds matériel est le patrimoine de tous les Équatoriens, dimension qui a été remise en question lors de la séance de participation du public, où son abstraction a été remise en question, en particulier face à l'état lamentable de musées de sites tels que celui de la Tolita. Par la même occasion, Landázuri a fait référence à l'origine controversée du célèbre masque qui représente actuellement son institution. En dernier lieu, la présentation de Natalia Sierra, centrée exclusivement autour du sujet de la marginalité, a d'une certaine façon rappelé que, bien qu'il soit important de chercher à récupérer le patrimoine matériel, il ne faut pas oublier la composante humaine actuellement exlcue de la société. En conclusion, il est pertinent de souligner que ces journées constituèrent un apport supplémentaire à la communication entre chercheurs, professionnels et étudiants, ainsi qu'un reflet à moindre échelle du dynamisme de l'activité archéologique et académique dans le pays. Il est à déplorer qu'un manque de coopération et l'organisation parallèle d'autres événements n'aient pas permis à plus de personnes de bénéficier des apports de ces interventions. |
Mise à jour le Mardi, 15 Septembre 2009 10:15 |